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La transidentité et les personnes transgenres dans l’art et la pop culture

Introduction

Quelle est la place de la communauté trans dans l’art et la pop culture ? Depuis quelques années, les personnes transgenres sont de plus en plus représentées dans les médias mainstream mais aussi les séries, livres ou encore musiques. Mais qu’en est-il vraiment ? Quelles ressources peut-on recommander ? 


Transidentité et cinéma : petits et grands écrans

Ne vous êtes-vous jamais dit que vous aviez une image trop stéréotypée des personnes trans ? Des séries, aux films en passant par les émissions de télévision, rares sont les personnages transgenres véritables et proches de la réalité. Et si tout dépendait du choix de l’acteur et de l’actrice ? Des séries très cools se sont emparées du sujet et c’est quasiment une révolution ! 

Finalement, nombreux sont les personnages trans qui ont marqué l’histoire du cinéma, de la télévision et des séries en brisant les tabous et en portant des messages forts. Pour certains, ils ont permis à des tas de personnes de pouvoir s’identifier et ne pas se sentir seul ou perdu. Pour d’autres d’être renseigné et d’inclure au mieux ces personnes trop mises en marge de la société.  

Différencier le fait d’être présent et le fait d’être représenté

Chaque année le collectif GLAAD (un observatoire de la diversité LGBT+ dans les médias américains) recense que les rôles des personnages transgenres, à l'écran, sont bourrés de clichés. Des rôles de victimes de crimes sordides ou de travailleur·euse·s du sexe continuent encore aujourd’hui de leur coller à la peau.

Twin Peaks, Coronation Street, Ugly Betty, Ally McBeal ou encore Nip/Tuck ont, à leur manière mis en lumière une réalité jusque-là cachée : celle du coming out trans, des obstacles et de la violence rencontrés par ces derniers. Il faut attendre 2001 et la série Dark Angel,  pour découvrir le premier personnage transgenre joué par une actrice trans, elle-même : Jessica Crockett. 

Les années 2010 sont marquées par le coming out trans de Caitlyn Jenner et par la série Orange is the New Black, avec l’actrice trans Laverne Cox, en première ligne. D'ailleurs cette dernière est la première femme transgenre nommée aux Emmy awards mais aussi à faire la couverture du Time en 2014. Laverne Cox devient vite une icone féministe et une activiste engagée en faveur des droits LGBT+.  Son rôle dans la série contribue de plus en plus à “normaliser” la présence des personnes trans dans nos vies, mais surtout, dans nos écrans !

En 2018, le réalisateur de Nip/Tuck, Ryan Murphy avec l’aide de Janet Mock, une journaliste trans, crée la série Pose. Cette série sur la scène ballroom et le voguing des années 80 a littéralement dynamité le petit écran avec un casting LGBT+ incroyablement sincère et divers. Au total : plus de 50 personnes transgenres sont apparues à l’écran, un traitement historique et culturel. 

Un climat encore timide sur la question

La série Sense8 (Netflix) a été confiée à deux réalisatrices trans. Elles ont voulu mettre un point d’honneur à montrer les genres et les sexualités dans toute leur diversité et leur beauté. Le personnage de Nomi, incarnée par l’actrice trans Jamie Clayton, ne se résume pas à sa transidentité, mais elle est à considérer dans son histoire et son expérience. D’ailleurs, elle et sa petite amie Amanita, jouée par Freema Agyeman, sont rapidement devenues les favorites du public.

Vers un vent d’espoir ?

Il est certain qu’un progrès notable a été effectué quant au traitement de la transidentité dans le cinéma ou les contenus médiatiques. Mais le chemin est encore long... Et pourtant, c’est avec les représentations dans les médias, les films, les séries et la culture en général, que l’on arrive à se construire et savoir un peu plus qui on est. Les séries participent d’une certaine manière à la construction de notre identité et ça, quelle qu’elle soit. 


Transidentité et Littérature : tourner la page aux idées reçues 

“Minorité sexuelle incomprise et décriée”, “communauté pathologique par le corps médical et psychiatrique”, exclues de certains mouvements féministes, les mots de l'auteure et militante transexuelle Julia Sereno sont forts. Tout comme au cinéma, on prend conscience de la place de la transidentité dans nos sociétés. La littérature, les bande-dessinées ou encore les essais se multiplient aujourd'hui.

Dans son essai intitulé Manifeste d’une femme trans et autres textes, publié en 2014,  Julia Sereno explique des notions clés pour comprendre la transidentité vécue par les femmes. Un essai posant les choses très clairement : description de la souffrance vécue, de l’instrumentalisation et du profond rejet qu’elles subissent au quotidien. Elle tente de faire banaliser, d’accepter et de respecter  l'identité de chacun et de chacune. Julia Sereno précise :”Nous avons à de trop nombreuses reprises été les victimes de la violence des hommes qui nous considèrent quelque part comme une menace pour leur masculinité et leur hétérosexualité”.

Des genres littéraires pour des questions de genre

Du côté des romans, on retrouve, Homo Sapienne de Niviaq Korneliussen. On suit la vie de cinq jeunes dans la ville de Nuuk, capitale du Groenland. Ils vivent des changements profonds et racontent ce qui, jusqu'à maintenant, a été laissé sous silence : Fia découvre qu'elle aime les femmes, Ivik comprend qu'elle est un homme, Arnaq et Inuk pardonnent et Sara choisit de vivre. Sur « l'île de la colère », où les tabous éclatent lentement, chacune et chacun se délestent du poids de ses peurs.

Du côté de la bande-dessinée, on retrouve Appelez-moi Nathan de Quentin Zuttion et Catherine Castro.  Les dessins aux traits fins et colorés retracent l’histoire de Nathan, né Lila, dans un corps de fille.  Un corps qui ne lui a jamais convenu et qu’il décide alors de corriger. Le tout, avec le soutien indéfectible de sa famille, ses amis, ses profs et, à seize ans, des injections de testostérone tous les mois. Une bande-dessinée destinée autant aux adultes, aux parents, qu’aux adolescents en quête de questionnement sur leur genre et/ou leur sexualité.

Ces personnes LGBT+ qui ont changé le monde

Et si vous souhaitez découvrir les personnalités transgenres importantes, vous pouvez vous diriger vers le livre intitulé 40 LGBT+ qui ont changé le monde. Illustré par Florent Manelli. Des portraits graphiques, accompagnés de textes, d’anecdotes sur des personnes LGBT+ qui ont fait évoluer le combat. L’auteur dit en préface - J’ai fait ce livre pour l’adolescent sans repères que j’ai été. Lors des moments troubles de ma jeune vie où les questionnements sur ma sexualité devenaient trop prégnants et sans réponses, j’aurais probablement aimé avoir cet ouvrage entre les mains”. Un livre qui met en lumière les grandes personnalités trans, ici et ailleurs, dans des pays où ces thèmes sont ignorés, oubliés et méprisés, afin de normaliser la diversité des sexualités. 


Transidentité et musique

Toujours ambiguë et survolée, la transidentité peine à trouver sa place dans la musique. En revanche, nous assistons à une vague d’artistes LGBT à l’avenir prometteur.

On peut penser au titre  3e sexe d’Indochine, qui conjugue une fille au masculin et un garçon au féminin... Mais est-ce suffisant ? De plus en plus d’artistes osent prendre la parole pour défendre les droits LGBT+ du côté des artistes français. On peut penser à Eddy de Pretto qui est arrivé sur la scène musicale française, en affirmant son homosexualité. Il en fait même presque un sujet principal dans ses titres. De Kid, où il évoque l’ultra masculinité à laquelle les hommes doivent se conformer à ses premiers amours dans Jimmy ou Désolé Caroline.

Amours conjugués au féminin

Sur la scène musicale, on constate de plus en plus d’artistes lesbiennes, qui osent parler des discriminations qu’elles vivent. Comme Hoshi avec son titre Amour Censure où elle se demande : "est-ce qu’on va un jour en finir avec la haine et les injures ?". Et si pour elle les “pédé sont beaux”, Aloïse Sauvage, elle déclare haut et fort : “on s'cachait, maintenant on s'élève, c'est pas avachi sur les clichés qu'on changera les règles” dans son titre Omowi. Le message est clair et plein de fierté.

On peut aussi citer la chanteuse Pomme. Avec son titre On brûlera, véritable déclaration d’amour pleine de failles et de beauté. ”Je m’excuse auprès des dieux, de ma mère et ses louanges, je sais toutes les prières, tous les vœux, pour que ça change”. Souffrance oui, mais amour transcendantale qui s'affranchit de toute contrainte. On peut citer son titre Grandiose également, où elle évoque la maternité et son amour envers les femmes.

Amours multiples

Ces artistes, à travers la musique, permettent aux gens de s’identifier. Se reconnaître. Se sentir moins seul. L’amour, c’est tout. Telle est la phrase qui clôture le clip de promo de la Saint Valentin pour le géant du streaming Netflix. Le tout accompagné de La vie en rose (Edith Piaf) interprétée par la chanteuse Angèle, conjuguant elle aussi, ce monument de la chanson française au féminin. Célébrons la différence. Célébrons toutes les sexualités, les identités, les genres, mais surtout : respectons les. L’art et la culture, sont des premiers pas, vers l’acceptation de soi ou simplement, de ceux qui nous entourent. À bon entendeur…


Le coin podcast

Un podcast trans

“Un podcast trans” est un podcast mensuel de discussion, fondé par Niléane. 

Interview un podcast trans. Jena, Malley, Axel·le, Cat, Pawline, Merry, Tiphaine, et Louie y partagent recommandations littéraires, changements personnels ou encore leur quotidien.

Un podcast Trans, c'est quoi ?

L’art, un chemin vers la reconnaissance

Claude Cahun vu(e) par Prune

Dans ce chapitre nous avons évoqué la reconnaissance de la transidentité dans plusieurs formes d’arts, telles que la musique, la littérature, ou encore le cinéma. L’art comme un corridors indispensable dans l’acceptation et l’ouverture d’esprit, c’est aussi ce que pense Christophe Otello, président du Festival Belfortain, Libres Regards. 

Christophe Otello - Le milieu artistique LGBTQI+

Libres Regards, c’est un festival pluridisciplinaire et culturel, né en 2010 sous l'œil bienveillant de sa créatrice, Ophélie Thiébaut. Il permet aux artistes de donner leurs propres visions des choses sur les questions de genre à travers différentes formes d’arts : le théâtre, qu’il soit de rue ou en salle de spectacle, la bande dessinée, la littérature, la musique, la danse, l’art contemporain… Ici, l’objectif est d’ouvrir le débat, de croiser les publics. 

Christophe Otello - Le festival Libres Regards

Après plus de 10 ans de festival et de rencontres, Christophe Otello constate des changements, une évolution autour des questions du genre.

Evolution de la question du genre selon Christophe Otello

Avec la participation de nos journalistes Louise Jeannin et Prune Benedini.

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