
CONCOURS RÉGIONAL DE PODCAST ÉTUDIANT | 3ème lauréat : Dickens, comme un album de photo brunies par Céline Morlot
«C’était le meilleur des temps, c’était le pire des temps…»
Pour répondre au thème «2050», j’ai choisi d’adapter librement l’incipit le plus célèbre de la littérature anglophone, celui du «Conte des deux cités» de Charles Dickens. Si le roman traite du contexte révolutionnaire de la fin du XVIIIe siècle, ces lignes ont un caractère omnitemporel, si l’on peut dire, puisqu’elles restituent la dichotomie affective que chacun peut ressentir face à son époque, sur un registre hyperbolique (mon avis sur la question étant que la pensée dichotomique est inhérente à la nature humaine, mais ce n’est pas le lieu de disserter). J’ai donc poursuivi le texte selon mon inspiration, selon mes propres espoirs et mes propres craintes. J’ai choisi de conserver une narration au passé tout simplement pour sa valeur d’étrangeté. Comment penser 2050 ? Impossible pour moi. Imaginer 2050 comme un lointain souvenir de jeunesse ? Voilà de quoi électriser mes fantaisies.
Pour rythmer le texte, j’ai été chercher une interprétation libre de droit du « Clair de lune » de Debussy, que j’ai modifiée (réverbération, modification des basses et des aigües, du tempo…), et à laquelle j’ai ajouté des chants d’oiseaux, puis des cris de corbeaux. Tout cela afin d’accentuer la-dite dichotomie affective : le « Clair de lune » est à la fois apaisant et inquiétant, comme un calme avant ou après la tempête, les chants d’oiseaux peuvent faire penser à un retour à la nature, à une préservation réussie de l’écosystème, autant qu’à une menace ou à une catastrophe humaine (seuls êtres survivants dans un contexte apocalyptique, ou annonçant un désastre). Enfin, le corbeau, dont la symbolique varie d’une culture à l’autre, clôt le podcast sur une note plus sombre, d’un point de vue européen. C’est qu’il est bien difficile d’avoir une vision optimiste de l’avenir lorsqu’on a 20 ans en 2021. J’ai voulu donner voix aux sentiments contradictoires que l’on peut ressentir lorsque l’on songe à l’avenir, à la peur et au désir d’un « éternel retour » – le temps et l’affect, l’affect et le temps, liens qui me fascinent depuis toujours.